Un ventre rond et proéminant, un regard pétillant et une trompe à faire pâlir le plus mammifère terrestre! Vous l’avez reconnu? Il s’agit du dieu Ganesh, certainement l’un des plus affectionnés et vénérés des dieux du panthéon hindou.
Les origines de Ganesha
Fils de Shiva et Pârvatî, Ganesh voit le jour grâce à celle-ci – qui l’a façonné avec la poussière et les onguents qu’elle a raclés sur le dessus de sa peau – afin de lui tenir compagnie lors de ses longs mois de solitude, tandis que Shiva partait méditer dans l’Himalaya.
Toutefois, la tête d’éléphant n’a pas toujours été l’apanage de Ganesh. En effet, plusieurs versions du mythe explique la perte de sa tête humaine. Nous retiendrons néanmoins la plus fréquente qui veut que, revenant après une longue absence, Shiva se vit interdire l’accès de sa maison par un enfant inconnu, alors que sa femme prenait son bain. De colère, Shiva coupa la tête du jeune garçon, provoquant ainsi le désespoir de sa femme qui demanda immédiatement que son époux redonne vie à son fils. Shiva promit alors de remplacer la tête de Ganesh par celle du premier enfant hors de vue de sa mère : ce fut un éléphanteau[1].
Représentations et symbolisme
Ainsi parée de cette double personnification, Ganesh représente à la fois le monde humain et animal mais aussi humain, par la partie inférieure de son corps, et divin par la partie supérieure, à savoir sa tête d’éléphant. Son esprit, à l’instar du cosmos, est vaste et puissant, ce qui lui confère la faculté de triompher des obstacles de l’ignorance et d’appréhender les mystères de l’univers. Symbolisant également le macro et le microcosme – de part son lien avec sa monture ou Vâhana, qui est un rat – Ganesh renforce cette union entre le divin et l’humain. Il est le protecteur des faibles, celui par qui l’on commence chaque prière ou rituel hindou, le dieu de la sagesse, de l’intelligence, de la connaissance, de la prudence et de l’éducation. Ne soyez donc pas étonné de voir une statue de Ganesh ornée le bureau d’un enseignant!
Célébration de Ganesh Chaturthi
Ganesh Chaturthi est donc l’occasion, pour tous les hindous du monde, de célébrer et rendre hommage au Seigneur Ganesha ou Ganapati (chef des Ganas). La fête a lieu pendant le mois de Badhra ou Bhādrapad, sixième mois du calendrier hindou ( entre le 20 août et 15 septembre du calendrier grégorien). Le premier jour de la célébration, chaque dévot, après s’être baigné pour se purifier, va acheter une représentation de Ganesh – dont la taille varie de quelques centimètres à plusieurs mètres de hauteur- et qu’il rapporte en procession chez lui où elle sera déposée sur un autel pour les prières faites en son hommage. Lors du dernier jour des célébrations, Chaque représentation est portée en procession par les dévots masculins vers un lieu d’immersion, tandis que les femmes chantent et dansent, font des offrandes aux dieux, ainsi que tous les fidèles participant au rituel, beaucoup offrant des gâteaux et boissons aux participants et spectateurs.
Ganesh Chaturthi à Maurice
Particulièrement populaire et célébrée dans toute l’Inde[2] par toutes les ethnies pratiquant l’hindouisme, cette fête est l’apanage, à Maurice, de l’ethnie marathi. Fait particulièrement surprenant, cette non-célébration par les autres groupes ethniques n’est toutefois pas liée à un manque d’intérêt mais tout simplement à l’ignorance, plus précisément à la perte du « savoir-faire » rituel et festif.
» Nous ne fêtons plus Ganesh Chaturti tout simplement parce qu’on ne sait plus comment faire, nos parents ne nous ont pas appris, on a oublié… Mais on peut aller voir la procession… » Vijay, septembre 2015.
Dans toute l’île, les processions se succèdent tout au long de la journée, les lieux d’immersion variant de la mer à la rivière, comme à Vacoas, en passant par les bassins ou lac comme à Ganga Talao, lieu dit de Grand Bassin. Dans un souci de protection du monde aquacole, les représentations sont essentiellement constituée d’argile ou de papier.
Au moment de l’immersion finale, les dévots scandent en choeur : « Ganapati bappa morya ! Mangal moorti morya ! » à savoir, « Père Ganapati, reviens-nous ! Toi qui portes chance, reviens-nous ! »
La communauté marathi de Maurice est ainsi, aujourd’hui, devenue la garante de cette mémoire rituelle et festive et nous la remercions de préserver ce savoir-faire unique et de la transmettre aux futures générations pour notre plus grand plaisir!
[1] Nous aurons l’occasion de revenir, dans un autre article, sur les différentes versions et les significations de cette décapitation du fils de Pârvatî.
[2] Et dans de nombreux pays où résident une importante communauté hindoue, comme à Paris.