L’Assomption de Marie, croyances et célébration chrétiennes
La fête de l’Assomption ou fête de la Vierge Marie, est célébrée chaque 15 août par les chrétiens catholiques et orthodoxes du monde occidental et oriental. Toutefois, avant de devenir un dogme de l’Église catholique, cette date du 15 août est avant tout une fête traditionnelle relatant la fin de la vie de la mère du Christ. En effet, aucun texte du Nouveau Testatment n’évoque la mort de Marie, toutefois, la tradition orale va rapidement combler cette lacune. La mort, et le corps qui symbolise celle-ci, est considérée dans la tradition juive comme impure. La mère de Jésus étant, quant à elle, considérée comme une sainte puisque mère de Dieu, on comprend que son corps et le traitement de celui-ci, privé de vie, ne peut être envisagé de manière anodine. Certains théologiens, tel que saint Ephrem, évoque, en 373, l’incorruptibilité du corps de Marie après sa mort, croyance qui sera reprise des siècles durant, les versions variant en fonction des époques et des lieux. Citons également celle rapportant que l’Assomption eut lieu à Éphèse dans la maison dite « de la Vierge Marie », en présence de l’apôtre Jean qui se vit confié la protection de Marie par son fils lui-même au moment de sa crucifixion.
La Dormition de la Mère de Dieu pour les Églises orthodoxes
Pour les églises orientales, la Dormition – terme utilisé pour évoquer la mort non violente de saints – n’est pas un dogme bien qu’il soit sacrilège de la nier. Elle se rapporte à la mort de Marie, sa résurrection et sa « montée au ciel ». La croyance orthodoxe refuse la terme d’Assomption qui pourrait suggérer, dans l’esprit des fidèles, que Marie fut enlevée au ciel de son vivant. Selon la tradition des écrits apocryphes (IV ème et Vème siècle de notre ère), la mère de Jésus serait morte à l’âge de cinquante-neuf ans et son corps enterré à Jérusalem, dans le jardin de Gethsémani. La Dormition suggère que Marie est morte sans souffrance, dans un état de paix spirituelle profonde.
La célébration de la Dormition est précédée d’un jeûne de deux semaines, du 1er au 14 août, où les fidèles des Églises orthodoxes et catholiques de rite byzantin, se privent de tous aliments carnés, de poisson, laitages, d’oeufs, d’huile et de vin. Des hymnes sont entonnés lors de la célébration tel celui ci-dessous :
Kontakion (1)
Le tombeau et la mort furent impuissants à saisir la Mère de Dieu
Qui jamais ne se lasse d’intercéder pour nous ;
Elle est notre espérance et notre protection.
Car Elle est la Mère de la Vie,
Elle a été transférée à la vie par Celui qui a demeuré dans son sein virginal.
Lithurgie et dogme catholique de l’Assomption
La célébration de la Dormition est introduite en Occident et devient l‘Assomption pour les Catholiques, au VIIIème siècle, sous l’influence du pape Théodore. Elle va revêtir une forme particulière en France sous le règne du roi Louis XIII. En effet, celui-ci désirant un héritier, consacre la France à la Vierge Marie et demande à tous ses sujets de célébrer l’Assomption sous forme de processions, devant avoir lieu dans chaque paroisse, afin que la Vierge exauce son vœu, comme en témoigne un vitrail représentant le roi en prière dans la Basilique de Fourvière à Lyon. Louis XIV vit le jour l’année suivante ce qui explique, dès lors, l’importance de cette fête du 15 août en France.
Dès 1854, la proclamation du dogme de l’Immaculée conception par L’Église catholique donne lieu à de nombreuses demandes de fidèles, sous forme de pétitions dont celles de 1332 évêques et 83 000 prêtres, au Vatican afin que celui-ci fasse également de l’Assomption un dogme catholique à part entière. En 1950, plus particulièrement le 1er novembre, jour de la Toussaint, le Pape Pie XII accède à cette demande en proclamant l’Assomption comme dogme de foi divinement révélé par Dieu, faisant de Marie un être pur et sanctifié, vierge de tout pêché originel et personnel, élevée à la gloire du ciel en corps et en âme, après sa vie terrestre
« Par l’autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul, et par Notre propre autorité, Nous prononçons, déclarons, et définissons comme un dogme divinement révélé que l’Immaculée Mère de Dieu, la Vierge Marie, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire céleste ». Constitution dogmatique Munificentissimus Deus, Pape Pie XII.
L’Assomption, une fête chrétienne intemporelle
De nos jours, l’Assomption est une fête incontournable du calendrier lithugique catholique et orthodoxe. Elle donne lieu à de nombreuses processions dans le monde comme en Espagne où de fervents fidèles semblent « inonder » les rues de tout le pays. En Europe de l’est, des pèlerinages ont également lieu comme en Pologne à Częstochowa, en Croatie à Proložac mais aussi dans les pays d’Amérique du Sud, majoritairement de foi catholique. En France – où le pays est placé sous la protection de Notre-Dame de l’Assomption depuis le vœu du roi Louis XIII – des processions ont lieu dans tout le pays et donnent lieu à de nombreuses festivités. À Paris, elles se déroulent notamment sur la Seine où des bateaux descendent le fleuve, regroupant les fidèles porteurs de flambeaux. La statue en argent de la Vierge de Notre Dame est alors sortie pour l’occasion.
La conclusion finale aux festivités de l’Assomption est la célébration de Marie Reine, le 22 août, institué également par Pie XII et reconnaissant la « Vierge Marie, qui brûle d’un amour éternel, comme Reine et Souveraine à cause de la manière unique dont elle contribue à notre Rédemption ».
Novara di Sicilia | Statue de Notre-Dame de Paris descendant la Seine | Côte espagnole |
Quelques dictons liés à la fête de l’Assomption :
- La Vierge du quinze août arrange ou dérange tout.
- Entre les deux Notre-Dame, jamais serpent n’a osé se montrer.
- Pluie de l’Assomption, huit jours de mouillon.
- S’il pleut pour l’Assomption, tout va en perdition
- Quand il pleut le jour de Notre-Dame, il pleut jusqu’au 8 septembre.
(1) : Le kontakion est un genre poético-musical religieux apparu au début du Vème siècle, célébrant généralement les traits d’un saint glorifié.
* Tableau de l’Assomption de la Vierge par Michel Sittow, vers 1500.