Les fêtes de fin d’année approchent à grands pas! L’occasion, pour nous, de revenir plus en détails sur l’ensemble des rites festifs qui accompagnent ce moment de retrouvailles familiales et de célébrations religieuses qu’est la fête de Noël.
Origine étymologique de Noël
L’origine étymologique du mot « Noël » est complexe, cependant il regroupe un ensemble de significations communes à différentes langues européennes, notamment latines. En effet, dans les langues romanes, Noël est un terme qui partage une origine commune, comme natale en italien, natal en portugais ou encore nadal en catalan, que l’on retrouve également dans les langues celtiques avec l’adjectif latin natalis et dont le sens équivalent est relatif à la naissance. D’abord associé au mot latin dies, pour donner littéralement « jour de naissance »: natalis dies, le terme subira plusieurs modifications phonétiques pour aboutir à celui que nous connaissons actuellement comme Noël.
Croyances païennes et chrétiennes à l’origine de la célébration de Noël
La période hivernale, en Europe, est l’occasion de célébrer différents évènements liés à la « mort » et à la « résurrection » de la nature, comme le solstice d’hiver. Longtemps considéré comme une divinité à laquelle on rendait hommage, le soleil est particulièrement mis à l’honneur pendant cette période, notamment chez les Romains, En effet, l’empereur romain Aurélien, en 274, fixe au 25 décembre la célébration du dies natalis solis invicti, à savoir jour de la naissance du soleil invaincu, au lendemain des fêtes traditionnelles des Saturnales. Ce n’est qu’en 336 que l’on trouve mention d’une première célébration chrétienne à Rome, le 25 décembre, l’Eglise chrétienne ne s’étant guère préoccupée de fêter la date de naissance du Christ jusqu’alors, date qu’elle ignorait d’ailleurs. Il est fort probable que le 25 décembre soit devenu, progressivement, la date retenue, même si non avérée, pour célébrer la nativité afin de faciliter la diffusion du culte chrétien, auprès des populations, grâce à une date calendaire largement festive dans l’Europe des premiers siècles après J-C.
Du passage des rites religieux aux rites profanes
De l’Antiquité au Moyen-Age, le mois de décembre donne lieu à de multiples célébrations qui s’accompagnent d’ornement végétal sur les édifices, de dons et échanges de cadeaux, notamment ceux faits aux enfants, mais aussi l’occasion de festins et de fraternisations entre maîtres et esclaves mais aussi entre riches et pauvres. Un moment privilégié où sont suspendues les rivalités, les conflits d’intérêts et les inégalités sociales. Bien que non chrétiennes, ces célébrations païennes sont considérées comme sacrées et s’accompagnent de pratiques fortement ritualisées. C’est donc tout naturellement que la fête chrétienne de la nativité se substitue à ces célébrations, mettant en avant les mêmes principes du don et de la fraternisation . Dieu n’a-t-il pas fait le don ultime en offrant la vie de son fils en sacrifice pour sauver l’humanité?
Ce n’est véritablement que lors de la seconde moitié du XXème siècle que Noël quitte progressivement la sphère exclusivement religieuse pour s’ancrer dans la vie profane, en développant notamment son aspect commercial. Tout est alors propice à la consommation voire à la surconsommation. Il faut dire que l’enjeu est de taille : une preparation d’un an pour les vitrines des grands magasins avec 100 000 spectateurs attendus pour le Printemps et 250 000 pour les Galeries Lafayette à Paris! Le père Noël lui-même participe à cette surenchère avec les « acteurs » embauchés pour l’occasion avec lesquels les enfants peuvent être photographier, la création de sites et autres groupes spécialisés pour recevoir les listes des cadeaux envoyées au Père Noël, enfin, la création du Santa Claus village en 1991, en Laponie, et qui attire des milliers de visiteurs venus du monde entier chaque année.
Au coeur de la célébration de Noël, le paradigme du don
Noël n’est cependant pas que l’occasion d’une célébration religieuse ou purement commerciale car, au coeur de cette fête, c’est avant tout le don et ainsi, le lien social qui sont célébrés. Comme l’affirmait le père de l’anthropologie Marcel Mauss, en parlant de ceux qui élèbrent Noël : » ce qu’ils échangent, ce n’est pas exclusivement des biens et des richesses, des meubles et des immeubles, des choses utiles économiquement. Ce sont avant tout des politesses, des festins, des rites, des services militaires, des femmes, des enfants, des danses, des fêtes, des foires dont le marché n’est qu’un des moments et où la circulation des richesses n’est plus qu’un des termes d’un contrat beaucoup plus général et beaucoup plus permanent.» (Mauss, 1950).
En effet, la base même de ces échanges est ce qui tisse toutes les relations sociales, à savoir la mécanique du don/contre-don. On donne, on reçoit, on rend. Voilà ce que nous échangeons un Noël et le don, le cadeau et sa valeur symbolique et marchande, sont le reflet de notre lien avec l’autre. Qui est-il pour nous? Que ressent-on nous pour lui? Que sommes-nous prêts à lui « sacrifier » pécunièrement en fonction de l’affection que nous lui portons? Est-ce un don « obligatoire », c’est-à-dire celui qu’impose une relation familiale, professionnelle ou est-ce un don « du coeur », que nous faisons sans obligation mais que nous voulons porteur de l’amour, le respect ou encore l’estime que nous portons à la personne qui va le recevoir, et par lequel nous voulons signifier la relation que nous avons ou aimerions avoir avec cette personne?
Enfin Noël c’est et cela reste surtout la fête familiale par excellence. Celle où on reçoit et où rivalise d’ingéniosité pour satisfaire ses convives, car c’est avant tout un moment privilégié de retrouvailles mais aussi l’occasion de festoyer autour d’une table bien garnie. Une mise en scène rituelle où chaque convive et chaque aliment a son rôle à jouer. C’est aussi la perspective de l’attente et la surprise : que va-t-on nous servir cette année? Mais également l’occasion de savoir qui est présent ou qui sera nouvellement accueilli dans le « clan ». En effet, Noël est la reunion de la famille biologique mais aussi celle du « coeur », celle que l’on a choisie, les individus que l’on décide de convier lors de cet événement symbolique si particulier. Et, ne l’oublions pas, Noël c’est aussi la magie, celle de notre enfance, celle de nos rêves où tout est possible et où tout n’est qu’émerveillement, joie et espoir. C’est peut-être cela le plus grand cadeau que nous fait Noël…