Thaipoosam cavadee ou Thaipusam ou encore Thaipooyam est une célèbre fête hindoue, essentiellement est célébrée par l’ethnie tamoule (exclusivement celle-ci à Maurice), lors du mois de pleine lune dans le calendrier tamoul, à savoir entre janvier et février. Cette fête célèbre à la fois la naissance du dieu Muruga ou Skanda ou Subrãhmanya, et la réception de sa lance vel pour détruire le démon Surapadman et son armée.
Qui est Muruga?
Muruga, ou Murugan, est communément considéré comme le fils du dieu Shiva et de la déesse Pârvatî. Or, lorsqu’on s’intéresse de plus près au mythe de sa naissance, on constate que celle-ci est plus complexe qu’il n’y paraît. En effet, les premières références de cette divinité sont mentionnées dans la littérature sanskrite du premier millénaire avant J-C. Sa naissance est liée à des évèvements dramatiques et violents : les démons tentent alors de régner sur le monde, semant chaos et destruction. Débordés et harassés par des luttes constantes, les dieux demandent alors de l’aide au dieu Shiva afin qu’il donne naissance à un valeureux guerrier capable de vaincre les esprits démoniaques. C’est ici que les versions divergent. Toutefois, toutes les versions ont un point commun : la naissance de Muruga est extra-utérine. En voici trois des plus fréquentes :
- Une première version, issue de Purâna veut que ce soit lors du retour de Pârvatî auprès de son époux, après un longue ascèse, que fut créé Muruga, la déesse étant à l’origine de l’émission de la semence de Shiva.
- Une autre version, très usitée, veut que lors de l’émission de la semence de Shiva, le dieu Agni tenta de la récupérer mais celle-ci était si brûlante qu’il la laissa échapper et elle fut récupérée par Gangâ, la rivière céleste, alors non incarnée sur terre (futur Gange). Cette dernière ne se montrant guère maternelle, Muruga fut confié aux soins de sept nourrices, appelées Krittikâ, qui lui valut ainsi le nom de Kârttikeya, mais aussi d’être souvent représenté avec six têtes afin de pouvoir têter plusieurs nourrices à la fois.
- Dans le troisième livre du Mahabhârâtha, Kârttikeya est présenté comme le fils d’Agni et Svaha, épouse du feu, qui prit alors l’apparence de six des sept Krittikâ.
Une fois né, sa force extrême fait de Muruga le dieu tout-puissant de l’armée divine. Sa monture, un paon appelé Paravāni, mangeur de serpents qui l’aide à se déplacer, symbolise l’abstinence sexuelle qui permet à l’esprit de se débarrasser de tous désirs néfastes. Muruga, qui signifie en langue tamoule le garçon, est toujours représenté comme un adolescent à la coiffure juvénile caractéristique : trois méches ou trisira. Sa force démesurée est souvent représentée dans l’iconographie divine avec six têtes et douze bras. Enfin, sa victoire est liée à sa lance-boomerang ou vel, qui ne manque jamais sa cible. Frère de Ganesh, il est considéré comme le fils de Shiva seul, tout comme son frère est celui de Pârvatî. Muruga représente, en outre, l’irruption du sacré,t sa puissance, dans la réalité.
Célébration et symbolisme
Thaipoosam est sans aucun doute la fête religieuse la plus importante du calendrier tamoul. C’est un jour pieux dont la célébration met un terme à un jeûne et une préparation de dix jours des dévots avant sa conclusion en une fête exceptionnelle, où se mêlent souffrance et joie, prières et chants. Cette fête haute en couleur a pour but de consacrer le dieu Muruga, et, pour chaque dévot, de prouver sa confiance, sa fidélité et sa dévotion sans faille à la divinité.
- le cavadee : Thaipoosam cavadee, qui signifie littéralement » lever de l’arche de bois de la pleine lune de janvier », est l’occasion pour les dévots de confectionner l’arche qu’il devront porter et sur laquelle se trouve une représentation du dieu Muruga.
Cavadees où repose la représentation du dieu Muruga
- Les dix jours précédant la célébration, les dévots procèdent à un jeûne strict, qui impose notamment la non- consommation de la chair d’un quelconque être vivant. C’est un moment intense de recueillement, de préparation à la fois physique et spirituelle qui prépare chaque dévot au jour ultime du sacrifice et de la dévotion, par la prière et la méditation.
- Au matin de la célébration, les fidèles désireux de porter le cavadee , se font transpercer (le pratiquant doit parfaitement connaître les points de pénétration afin d’éviter tout dommage physique) différentes parties du corps comme les joues, le dos ou la langue, à l’aide grandes aiguilles, afin de montrer leur dévotion au dieu Muruga, faisant preuve de sacrifice tout comme le jeune dieu a lutté courageusement contre les démons.
- Les dévots se rendent ensuite à la rivière ou à la mer pour se purifier, où les attend un prêtre qui les bénit.
- Commence ensuite la procession qui mènera tous les participants au temple de sa localité, accompagnés de danses, chants et musiciens.
- La célébration s’achèvera sur des prières et offrandes à Muruga puis, est servi un repas collectif et convivial où règne joie et partage.
Réception des fidèles au temple
Ainsi s’achève un moment d’émotions et de pure dévotion, de transformation et de méditation, qui rappelle à chacun l’importance et les bienfaits de la spiritualité dans sa vie quotidienne.