De prime abord, on pense spontanément que Divali et Halloween n’ont rien en commun, hormis peut-être un rapprochement calendaire, qui est, cette année 2024 confondu en un même jour, mais, est-ce bien le cas?
Divali, victoire de la lumière sur les ténèbres
Divali est une fête célèbre et importante pour la communauté hindouiste de Maurice. Elle symbolise, globalement, la victoire de la lumière sur les ténèbres, de la connaissance sur l’ignorance. Toutefois, si cette fête est une fête incontournable en Inde, elle l’est cependant pour plusieurs groupes religieux et/ou philosophies spirituelles tels que les hindouistes, les boudhistes, les jaïnistes ou encore les sikhs. Il existe beaucoup de mythes et légendes relatives à cette fête qui s’inscrit dans le calendrier lunaire hindou.
photo de l’auteur – maison Triolet, Île Maurice.
Divali, qui signifie littéralement rangée de lumières en sanskrit, dérivé du mot dipavali, fait référence, pour les hindouistes du nord, au retour triomphal d’exil du prince et dieu Rama et de sa femme Sita, qu’il a sauvé des griffes du roi du Shri Lanka, Ravana (cf notre article dans Maurice en fête). Dans le sud de l’Inde, cette fête fait référence à la victoire du dieu, Khrisna sur le démoniaque Narakasura, alors que dans l’ouest, elle permet de célébrer la victoire du dieu Vishnu, qui symbolise la persévération de l’univers, sur le roi Bali qui fut banni pour avoir menacé le pouvoir des dieux.
Pour les bouddhistes, dont l’origine religieuse remonte au 6ème siècle avant notre ère, Divali représente la conversion de l’empereur hindou Ashoka au bouddhisme, dont il avait auparavant persécuté les pratiquants.
Pour les jaïnistes, dont la philosophie religieuse est apparue un siècle avant notre ère, il s’agit du jour où le dernier maître du jaïnisme, Mahavira, a atteint le nirvana.
Enfin pour les sikhs, dont la religion voit le jour à la fin du 15ème siècle, Divali représente la libération, du joug moghol, du gourou du 17ème siècle, Hargobind.
De plus, Divali coïncide, dans le monde agricole, avec le jour de la dernière récolte, avant la période hivernale, et reste aussi l’occasion de célébrer la déesse de la chance et de la prospérité, Lakshmi. On est donc moins étonné de savoir que Divali correspond, dans le monde des affaires en Inde, au début de l’année financière.
Malgré ses différentes origines et mythes, toutes les célébrations de Divali ont un point commun : les illuminations. En effet, chaque famille signale sa volonté de célébrer la victoire de la lumière et la sagesse sur les ténèbres, en allumant lumières électriques, bougies ou, plus traditionnellement, des lampes d’argile mais aussi en se réunissant et en partageant les fameux gâteaux de Divali, préparés pour l’occasion.
Halloween, entre mythe, peurs et folklore
Halloween, de son vrai nom All Hallows’ Eve que l’on peut traduire par la « veille de tous les saints » est une célébration païenne qui remonterait à environ 2500 ans et qui voit le jour en Irlande, plus précisemment sur l’île verte du comté de Meath, où elle était connue sous le nom de la fête de Samain ou Samhain. Fortement ancrée dans la mythologie et les rituels celtiques, elle célèbre notamment le passage de l’automne à l’hiver et est donc reliée (elle aussi) au monde agricole qui prépare le protection des semis, plants et arbres fruitiers aux longs mois d’hiver rigoureux, et notamment au gel. C’est aussi le passage des journées plus claires au journées plus sombres, donc du jour à la nuit, de la lumière aux ténèbres. Dans le calendrier grégorien, sur lequel se fonde la mythologie chrétienne, plus particulièrement catholique, ce jour du 31 octobre est la veille du jour de la fête de la Toussaint, elle-même veille de la fête des morts.
Dans la tradition celtique, le 31 octobre était un jour craint car, période liminaire de l’année, il symbolisait la transgression, le passage et la confusion entre le monde des vivants et des morts, entre le monde surnaturel et le monde naturel et vice-versa. A l’occasion des dernières recoltes de l’année, chaque famille laissait les lumières de sa maison allumées afin de signaler aux esprits leur présence et les paysans accompagnaient les druides afin d’allumer de grands feux de joie, qui clôturaient les récoltes. Les druides, maîtres-connaisseurs des puissances surnaturelles et guides spirituels des peuples celtes, avaient pour rôles de protéger la population des esprits de l’au-delà qui pouvaient, lors de cette nuit charnière, 1er jour de l’an celtique – à savoir le 1er novembre – pénétrer dans le monde humain, la barrière entre les deux mondes étant alors particulièrement perméable. Les « esprits » apparaissaient sous les traits de démons, de fées, de farfadets ou encore des esprits des défunts, que l’on tentait alors d’effrayer en se déguisant et/ou en leur faisant des offrandes afin de les remercier pour leur bienveillance, ce que l’on retrouve notamment dans les pays d’Amérique du sud tel que le Mexique, où la célébration de la fête des morts est particulièrement importante, tirant ses origines à la fois des rituels et croyances Aztèques ou Toltèques, mais aussi chrétiennes catholiques.
Offrande aux morts, Mexique
Cette tradition du déguisement est restée et s’est progressivement diffusée en Angleterre avant de traverser l’Océan Atlantique, avec les immigrants britanniques qui allaient devenir les nouveaux colons américains. Les offrandes aux morts et aux forces surnaturelles se retrouvent aujourd’hui incarner dans les dons de friandises avec les fameuses incantations « menaçantes » des enfants : trick-or-treating, un bonbon ou un sort, et les citrouilles, légumes de saison, nous rappelant le lien de la fête avec le monde agricole.
Photo libre de droits, enfants déguisés pour Halloween, Angleterre.
Ainsi, on constate que les célébrations de Divali et d’Halloween ne sont pas si éloignées que cela car il s’agit toujours de symboliser la victoire de la lumière, source de connaissance et de protection, sur les ténèbres, sources de peur et d’ignorance. Tirant leurs origines de nos peurs les plus enfouies, ces fêtes révèlent notre désir de les vaincre mais surtout et avant tout, elles célèbrent le pouvoir de la vie sur la mort. Alors, que la lumière soit!